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Mon enfance

 Patrick PALLIER

 

    Je serai né le jour de la capitulation de l'Allemagne nazie, quai de Tounis à Toulouse, Depuis, Toulouse a réaménagé les berges de la Garonne en d'agréables promenades, qui en été, accueillent des festivals où se transforment en plages.

quai de Tounis à Toulouse

Le quai de Tounis à Toulouse

      Nos parents: Pierre-François (Pierrot) et Jacqueline (appelée Lilli par ses frères et soeurs et Jacquotte ensuite) se sont connus à la fin de la 2ème guerre mondiale, à la piscine municipale de Toulouse. Papa se vantait d'y être venu au secours de maman, dans le grand bain, rencontre qui aurait scellé leur union.

Il m'a dit avoir renoncé à un stage de formation de pilote de chasse aux Etats-Unis, pour une aventure aussi périlleuse, celle de devenir... père de famille.

 

   

        Peu de temps après ma naissance, nous rejoignîmes tous les trois la R.F.A., à Lahr, où papa échangea la dépanneuse de son convoi militaire (un énorme camion: "Diamond"), contre la Buick rutilante du général MURTIN. Le fait d'avoir ensuite"empaillé", cette Buick, fut peut-être à l'origine de sa ré-orientation vers les Transmissions "air".

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                                                          Inspection à L'Hornisgrinde (1950)                                                 Papa (à gauche) posant avec la (encore intact) Buick du général Murtin

          Mon père aimait beaucoup les chiens (surtout les gros et les loups) et il déclarait volontiers: que pour lui, l'éducation des enfants s'apparentait au dressage de ces animaux. L'aîné de la portée que j'étais donc, fut suivi un an plus tard d'une petite soeur: Dominique (Domy), puis un an plus tard encore de notre frère: Christian. Tous deux naquirent à Lahr (RFA). Sept ans plus tard, naquirent nos deux derniers louveteaux de la portée: Gilles-François, à Saint-Mandé en 1953 et Pierre-Eric, à Dakar en 1955.

 

 

     

                                                                                    Domy et Christian

                          

                                                                               Bettina (cocker à Papy)  et sa portée

Nos chiens:   

       

            Looping 1949                        Corsaire 1956                        Nora 1964                       Peggy 1979


    Après Lahr, nous rejoignîmes Ottenhöfen près de la frontière française, un charmant petit village de Forêt noire, au pied du mont Hornisgrinde, où travaillait notre père.

 

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                                                            paysage de la Forêt noire (Schwartzwald)

 

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                                              le lac Mummelsee (entre Ottenhöffen et le mont Hornisgrinde)

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                                                   le BergHôtel tenu alors par un camarade à papa, sur le lac Mummelsee

          Le  village était traversé par un petit torrent de montagne, figé de glaces en hiver. Nous résidions à l'étage d'une maison allemands, sous les combles d'une vaste maison rurale, proche de l'orée des bois. Derrière celle-ci se trouvait un verger de mirabelliers, dont nous nous régalions des fruits fraîchement tombés au sol. Nous y menions également la chasse aux salamandres qui vivaient dans les ruisseaux pentus. La vue, du haut de ce pré, adossé à l'orée d'un bois, donnait sur la vallée avec la toute petite gare, où venaient buter de petits trains de randonneurs. Parfois, l'arrivée d'une grosse locomotive à vapeur haut-le-pied, animait ce paisible bourg, par le surcroît de bruit qui s'en suivait.

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      locomotive à vapeur de la Deutsch Bahn                    Ottenhôfen(la gare)                       le pont principal

     
 
     

 

 

 

 

 

          Devant notre maison passait une petite route dont nous étions séparés par un solide portail, qui protégeait surtout le facteur des attaques irrépressibles de notre berger allemand «Looping». Nous vivions presque de plein pied avec la nature et jouions avec des enfants allemand voisins. Durant l'occupation de l'Allemagne, nos rapports avec les habitants étaient parfois délicats. D'autant que j'avais accidentellement cassé d'une pierre, la vitrine d'un magasin local de porcelaines. Cette accident avait coûté fort cher à mes parents (mille marks). Et mon père dit m'en avoir surtout voulu de ma... maladresse.

           Plus tard, Domy poussa toujours accidentellement, un enfant du voisinage dans une fosse à purin. Heureusement les allemands étaient étonnamment très tolérants, avec les jeunes enfants.
          Je garde de l'appartement où nous vivions, le souvenir d'un parquet particulièrement riche en échardes qui, à chaque fois que nous jouiions, me plantait immanquablement de cuisantes banderilles aux mains et aux genoux.

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        Je me souviens de certaines journées passées sur l'herbe jouxtant une piscine municipale champêtre, d'où la sonorisation nous dispensait généreusement des tyrroliennes tout au long de la journée. Est-ce pour cette raison, ou plus simplement parcequ'ils étaient heureux, que nos parents et plus particulièrement notre père, chantait souvent des airs d'opérettes à la maison.

        Mais notre long séjour (près de 7 ans) en Allemagne prenait fin et j'ai souvenir, car j'étais désormais un grand, lors de notre voyage de retour en France en 1953, de quelques fugitives images, notamment le franchissement pont de métallique de Kehl marquant la frontière, par notre convoi ferroviaire.

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le pont ferré de STRASBOURG-KEHL à la frontière franco-allemande

      A Paris, nous nous sommes retrouvés à six, entassés dans le deux pièces d'un hôtel réquisitionné, situé rue Condorcet dans le 10ème arrondissement. Cet appartement, en étage était situé à proximité du square d'Anvers et de la butte Montmartre. Plus haut et à gauche, une placette triangulaire marquait l'intersection des rues Rochechouart, Turgot et Condorcet. Vétus de nos blouses grises et de nos galoches, nous fréquentions l'école communale de la rue Turgot.

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le site actuel de cette école: http://ec-15-turgot.scola.ac-paris.fr/?lang=fr

                                                       Ma classe à l'école primaire Turgot (je suis le 3ème à partir de la droite au rang du fond)

  

       Nous y étions si nombreux, et la cour à l'arrière si petite, que toutes les classes ne pouvaient s'y trouver en récréation en même temps. L'établissement était vieillôt et sentait l'encaustique, sa façade donnait sur la rue. Cette rue descendait en pente jusqu'au carrefour des rues Turgot, Rochechouart et Condorcet. A la sortie des cours, il nous arrivait de la dévaler, jusqu'au jour où Christian trébucha du bord du trottoir et s'étala de tout son long sur le passage pour piétons. Nous le vîmes avec horreur, disparaître entre les hautes roues avant d'une Citroên traction. Heureusement, cette voiture disposait d'une importante garde au sol et il y eu plus de peur que de mal. Et comme à l'époque les contrôles d'alcoolémie au volant n'existaient pas, le conducteur eut besoin d'un, voire deux, verres d'alcool au café voisin, pour se remettre de ses émotions.

     

                                                                             Le square Willette et Montmartre

          Nous allions parfois prendre l'air avec maman, square d'Anvers, au bas de la butte du Sacré-coeur de Montmartre et sur les pentes de la butte, au square Willette, escaladant la butte, par des allées torves, jusqu'au pied de la blanche basilique. Souvent nous nous amusions, les bras plongés dans l'eau du bassin, en essayant d'éviter les coups de sifflets stridents et brefs des gardiens du square, vêtus à l'époque, comme les "hirondelles",d'un képi et d'une pèlerine. Je ne me souviens pas que nous soyons montés à l'époque, jusqu'à la place du tertre. Devant le Sacré-Coeur, voir Paris à nos pieds suffisait amplement à notre bonheur. En vrais poulbots, nous usions nos fond de culottes sur les rampes d'escaliers parallèles au funiculaire, contrôlant habilement le freinage, de nos mains serrées sur la rampe, avant de sauter.  

 

 

 

 

 

 

 

     A l'autre bout de Paris, habitait nos grand-parents paternels à qui nous rendions parfois visite. Ils habitaient un pavillon, invisible de la rue Vercingétorix (14ème), car situé à l'arrière d'un immeuble. Ce pavillon était enchâssé entre l'immeuble et les voies ferrées d'accès à la gare Montparnasse. Parfois, une locomotive passait lentement, nous écrasant de sa masse noire, fumante et ferraillante. Devant le pavillon, survivait un rectangle de verdure et quelques arbres anémiés. Face au pavillon se trouvait l'atelier de l'éditeur Pierre Larive, l'ami de mes grands-parents, dont les collections numérotées de Diderot, Stendhal et Mérimée, sont aujourd'hui très recherchées par les amateurs du genre. Pierre Larive, orphelin, était le parrain de papa et aurait été sauvé de l'alcoolisme par ma grand-mère: Julia (Juliette). Avait-elle héritée cette générosité de son père ? François SAURIAC qui, basson à Radio-Limoges, disait mon père, avait ramené au retour d'un concert au petit matin, un cheval, destiné à l'équarrissage et de surcroît borgne, à la maison.

Pierre se caractérisait, par une voix exceptionnellement grave, un regard clair et un calme qui tranchait sur l'effervescence familiale.

 

Pour Julia, son fils est toujours resté « Pierrot », tandis que maman était appelée par elle: « ma petite Jacquotte » et sa fille monique: « pépée »

   

                       Julia, sa fille: Monique, Jacquotte et Pierrot (devant le pavillon, rue Vercingétorix)


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                                                1953 naissance de Gilles-François

          Je me souviens que dans le salon du pavillon de nos grands-parents trônait au mur, un grand tableau représentant un grand voilier sous le vent. Ce tableau avait été réalisé par un peintre « grand prix de Rome ». Mais l'artiste n'était pas au fait de l'aérodynamique, puisque les flammes en haut des mâts suivaient vers l'arrière, la course du bateau, et non celle du vent s'engouffrant dans les voiles, en sens inverse. Etait-il possible à l'époque, qu'un voilier aille plus vite que le vent qui le pousse ?
         Dans Paris, nous nous déplacions parfois dans l'automobile des grand-parents, une Renault PrimaQuatre je crois, car à cette époque la densité de circulation n'était pas celle d'aujourd'hui. C'était une berline noire très carrée, semblable à tant d'autres. Elle fut suivi, d'une 4cv Renault auxquelles nos grands-parents paternels restèrent fidèles, jusqu'à la mort accidentelle de ma grand-mère, tuée d'ailleurs à bord de l'une d'entre-elles. La 4cv représentait pour notre "parisien" de grand-père, la voiture idéale pour circuler dans Paris.

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      Renaut Prima Quatre                                                   Renault 4cv

              Notre grand-père paternel: Gabriel PALLIER, marié à Julia SAURIAC, était un ancien pilote de chasse qui a participé à la guerre de 1914-1918, puis à la "drôle de guerre" de 1939-1940. J'évoque ce que j'ai appris de sa carrière (essentiellement au Service Historique de la Défense, fort de Vincennes), dans la 2ème partie de ce site.

         

                                                                        Gabriel PALLIER et Julia SAURIAC

         Notre grand-père maternel quant à lui: Jacques OULES (prononcer: "Oulès"), marié à Jeanne IDRAC, a fait une carrière militaire dans l'infanterie coloniale qu'il a terminé au grade de capitaine. Durant sa carrière il a fait des séjours en Indochine et en Afrique et a eu sous sa responsabilité durant la campagne de France, une compagnie de tirailleurs sénégalais.

                  

 

 

 

 


 

Georges OULES             Jeanne, Georges  et Jacqueline OULES à Kindia (Guinée)      Jeanne OULES (née IDRAC)

         C'est à Paris, que je découvris l'aviation de l'époque. D'abord celle, calme et virevoltante d'Issy-les-Moulineaux puis celle, vive et tonnante des salons de l'aéronautique au Bourget. D'autant que les pilotes français de Dassault Mystère IV (notamment le colonel Conztantin ROZANOFF) venaient de découvrir comment diriger les bangs soniques vers la foule et ne s'en privaient pas.

   

                                  Dassault MD-450 Mystère IVA et "Kostia" ROZANOFF

          Nous ne restâmes que deux ans à Paris, dont une «courte» interruption de deux mois d'été en Charente, en colonie de vacances au château de Cressé où nous allions découvrir: les champs de marche et la campagne française, ses fleurs et ses moissons d'été. Tandis que maman, se remettait lentement de l'accouchement de notre frère Gilles-François. Je nouais à Paris de solides amitiés avec des « pôtes » parisiens, que l'éloignement allait malheureusement, rapidement me faire oublier.

 

 

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                                                        Le château de Cressé et la campagne charentaise l'été     

  

 

 

Le Sénégal


         Papa était muté à la base aérienne de Ouakam à Dakar pour deux ans en 1953. Il rejoignit son affectation par les moyens du transport aérien militaire, un DC-3 « Dakota » afin de  lui permettre de traverser interminablement la Méditerranée.
         Pour la famille, nous fûmes mieux lôti et primes l'avion à Orly, via Marseille-Marignane et notre voyage s'effectua de nuit sans problèmes, sur une Douglas DC6B de la compagnie Union Aéromaritime de Transport ou UAT(à l'origine avec la TAI, d'UTA), l'avion poursuivait son périple sur Bamako, Conakry et Abidjan. Il avait été question initialement, que le voyage se déroule en De Havilland Comet II, mais ce nouvel avion de ligne à réaction venait d'être interdit de vol après plusieurs accidents graves. Par la suite l'on sut qu'ils furent dûs à l'apparition de criques microscopiques de ruptures sur la cellule..

   

                                       Douglas DC-3 et DC-6B                                                       De-Havilland Comet

         Durant notre séjour de deux ans à Dakar, nous allions changer à trois reprises de lieu d'habitation. A début, nous avons aménagé au rez-de-chaussée d'une maison toute blanche, isolée au milieu de la médina. Malheureusement, celle-ci s'avéra régulièrement envahie par l'eau à chaque orage, car bâtie au-dessous du niveau du sol. Nous comprîment alors, l'utilité des lits gigognes à étage, en haut desquels nous nous réfugiions, pendant que nos parents écopaient.

   

 

 

 

 

 

Jacquotte, place Protet    Notre 1ère maison à Dakar (dans la Médina), puis à la "SICAP Karak" avec Dick  Renault Juvaquatre

       Il fut nécessaire,de quitter cette maison, pour nous rapprocher de Ouakam, pour une villa mitoyenne dans un lotissement nommé « SICAP » proches du point « E ». Point « E » où se trouvait l'école publique à laquelle nous nous rendions à pied, en franchissant une ligne de chemin de fer. Il s'agissait d'une école publique et mixte (en sexe et en couleurs). C'est là, que j'ai pu observer l'envol dans le ciel d'un toit de paillote emporté dans le ciel par une tornade.  

   

Baobab de l'ellipse, au Point E (abattu en 1971)        manioc                                           taxi-bus

   

                 Les SICAP(banlieues)                      paillote dans la médina (1955)              un pavillon du Point E

       

                                                      Ma classe à l'école primaire du Point E (je suis le 4ème à partir de la gauche au dernier rang)

                                                                                     celle de Dominique (au centre du 2ème rang)               

                                                                              celle de Christian (tout à fait à gauche au premier rang)

          Nos voisins de maison à la SICAP étaient africains et nous offraient lors de leurs fêtes, au travers de la haie de séparation du jardin, de merveilleux beignets gras à souhait. Nous nous appliquions avec acharnement, de faire « griller » toute la végétation de notre jardinet en l'arrosant abondamment aux heures chaudes. Seuls, je crois, quelques bananiers survécurent à cette volonté de bien faire.

   

         1955  -  La plage de N'gor (1955)                     hydravion Short "Sunderland"         porte-avion "Arromanche" de retour de Suez

          Chaque week-ends de gros hydravions blancs « Sunderland » procédaient à des parachutages sur la baie.
J'étais amoureux de ma petite voisine: « Josette » au joli minois et à la peau claire et tachée de rousseur, vêtue d'un éternel gilet de laine.
Elle était la fille d'un mécanicien et cela aurait bien pu être utile à notre voiture, une vieille Renault Juvaquatre noire qui rendit l'âme à l'entrée de la cité, un soir en crachant des flammes par son pôt d'échappement. Ce drame mécanique, nous contraint ensuite a utiliser les autocars militaires pour nous rendre à la plage d' N'Gor: pour apprendre à nager d'abord et ensuite nous baigner sans risque.                             
                    
         Face à cette plage se trouvait l'île de N'Gor, que papa décida de rejoindre à la nage ce qu'il fit, mais pour se poser sur... un banc d'oursins. Je me souviens du long travail de patience de maman le soir, extrayant une à une (surtout sans les casser), à la pince à épiler, les épines d'ursidés profondément enfoncées dans la chair. J'ai également le souvenir d'une pneumonie carabinée contractée par mon père, là-bas dont il faillit ne pas réchapper. Mais nous prenions notre revanche sur les animaux marins, en allant au mess de la base aérienne, manger la langouste dominicale.

        A la SICAP, dans les haies, nous chassions les caméléons, dragons miniatures, en les faisant virer de couleur du vert au gris, une fois qu'il se savaient découverts.

 

                                                     Caméléon

        Les jours de Ramadan les moutons; attachés à un piquet dans les jardins, étaient égorgés selon le rite. Nous observions fascinés, le sang s'écoulant de la gorge des bêtes sacrifiés. La brousse se trouvait directement derrière nos maisons, avec ses fourmilières géantes, ses serpents et les chacals (ou des hyènes) venant jusque dans nos jardins, fureter la nuit.
      Parfois, nous allions assister à des concours de steeple-chase, sur une belle pelouse verte obtenue, à l'anglaise, à grand renfort d'arrosages et pourtant le rationnement en eau existait déjà. Nous étions à l'époque régulièrement survolés par des avions épandeurs de DTT, sans savoir que ces produits pouvait à terme, nous être également néfastes.

     
                                                                          nos parents à Dakar (1954)                  
         Notre dernière habitation à Dakar, fut un appartement au dernier étage d'un immeuble de la cité des « aviateurs », citée neuve et contigûe au casernement de la base aérienne de Ouakam. Nous y étions réveillés au son du clairon, mais luxe suprême: maman disposait d'un cuisinier et d'une femme de ménage.. Nos nuits étaient ponctuées des coassements des crapauds-buffle et des films du cinéma en plein air proche, où étaient surtout passés des films de Fernandel, dont les sourires aux grandes dents blanches plaisaient beaucoup. Les murs intérieurs du camps étaient tapissés de bougainvilliers d'un rose éclatant.

   

Christian, Domy et moi à Dakar (1955)        sur la plage d' N''Gor                l'écran du cinéma en plein air de Ouakam

D'immense baobabs situés derrière notre bâtiment, nous servaient de terrain de jeux et nous mangions leurs fruits: «pains de singe», filandreux et au goût acide.

 

 

 

 

                                                               le baobab et son fruit le pain de singe

     

Les pavillons de Ouakam face à notre immeuble  Notre immeuble à Ouakam  Bal masqué, Pierrot (de face en armure de chevalier)

        Les fêtes étaient assez fréquentes, et je me souviens que nos parents avaient participé à un bal costumé. Mon père était revêtu d'un armure entièrement faite de carton qu'il avait réalisée, à l'aide notamment d'assiettes en carton aux articulations, le tout peint en aluminium. Mais le premier prix fut remporté par un robot équipé de feux multicolores, réalisé par des mécaniciens.     

        Souvent en fin de journées, nous nous rendions à pied à la plage la plus proche située en bas du casernement, pour capturer les alevins restés prisonniers dans  les trous des rochers, qui s'étaient laissé surprendre par la descente de la marée ou observer le retour des pirogues colorées des pécheurs, attendant la « bonne » vague afin de les poser délicatement sur le sable. Mais ce séjour au Sénégal nous parut bien court, car au bout de deux ans, soit dès 1956, il nous fallut rentrer en métropole.

Notre dernier frère Pierre-Eric est né à Dakar en 1955.

   

Pierre-Eric, porté par sa nounou: Rockaya N'Gaye